Nous allons ici aborder les principales lois qui montrent que la Torah interdit la souffrance animale et donne des lois qui permettent d'assurer leur bien-être.
Par exemple, la Torah ordonne explicitement que les animaux se reposent le jour du Shabbat (Exode 20:10, Deutéronome 5:14).
La Torah ordonne également d'aider un animal qui se trouve en difficulté dans la Paracha Mishpatim :
Exode 23.5 Si tu vois l’âne de celui que tu hais ployer sous sa charge, te retiendras tu de l’aider ? Tu l'aideras certainement.
Dans le même ordre d'idées, la Torah interdit de faire travailler deux animaux d'espèces différentes, comme cela est formulé dans Devarim (22.10)
Deutéronome 22.10 Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble.
En effet, pour beaucoup de commentateurs, le bœuf étant plus fort que l'âne, ce dernier se retrouverait en grande souffrance à devoir travailler à un rythme soutenu. Si la Torah parle d'un bœuf et d'un âne, cela est valable pour toutes les espèces car cela induira une souffrance pour l'animal le plus faible.
La Torah interdit de séparer le veau de sa mère pendant les 7 premiers jours après sa naissance :
Levitique 22.27 Un boeuf, un agneau ou une chèvre, quand il naîtra, restera sept jours avec sa mère
Le midrash explique par rapport à ce commandement que le désir naturel d'un animal qui consiste à s'occuper de son petit est à son point culminant dans les jours suivant la naissance, que nous devons être sensible à ces sentiments et que nous devons laisser le veau, l'agneau ou le chevreau aux soins de sa mère tout ce temps. Le rav Samson Raphael Hirsch explique également qu'il serait cruel de lui ravir son petit dès sa venue au monde.
Le Rambam confirme cela et va encore plus loin en disant que l'amour maternel est similaire chez les humains et les animaux, car cela provient des facultés imaginatives et non des facultés rationnelles. Il explique également cela dans le cadre de la Mitsva de Chilouah Aken dont voici le verset :
Deutéronome 22.6 : Si tu rencontres en ton chemin un nid d'oiseaux sur quelque arbre ou à terre, de jeunes oiseaux ou des oeufs sur lesquels soit posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec sa couvée.
Cette loi, qui consiste à renvoyer la mère avant de prendre les oeufs pour que la mère ne souffre pas en voyant un étranger prendre ses petits, enseigne quelque chose d'extraordinaire. En effet, il n'y a que deux commandements pour lesquelles la Torah promet un prolongement de la vie : Chilouah Aken, et le respect des parents. Le respect des parents est un commandement qui demande de grands efforts. Et pourtant, une mitsva qui dure quelques secondes et qui consiste à ne pas causer de peine à un oiseau a la même récompense. La récompense d'une mitsva n'est donc pas proportionnelle à l'effort fourni pour l'accomplir comme l'expliquent nos sages dans les Pirkei Avot : "Sois scrupuleux pour un commandement facile comme pour un commandement difficile, car tu ne connais pas le salaire qu'impliquent les commandements" (Avot II, Mishna 1)
J'ouvre une parenthèse concernant cette loi, et précise que c'est seulement lorsque la personne a besoin de prendre les oeufs que cela s'applique et que si ce n'est pas le cas non seulement la mitsva n'est pas accompli, mais en plus, il s'agira d'une avéra car cela fait souffrir la mère inutilement.
Il existe également une loi interdisant d'empêcher un animal de se nourrir :
Deutéronome 25,4 Tu ne musèleras pas un bœuf quand il foulera le grain.
Rachi explique sur place que le texte parle des situations les plus fréquentes en parlant d'un boeuf, mais que cela est valable pour tous les animaux, domestique ou sauvage (Talmud, Baba Metsi'a 88b). De même, il explique qu'il ne s'agit pas seulement du cas où il foule le grain mais qu'il s'agit de ne pas le museler dans tous les cas (Talmud, Baba metsia 90b).
De plus, selon la halakha il ne s'agit pas seulement d'une muselière, mais de tout ce qui pourrait empêcher l'animal de se nourrir, comme un ordre lui interdisant cela par exemple.
Dans le judaïsme, il est aussi interdit de se nourrir avant de nourrir ses animaux. Nos sages ont déduit cela du verset suivant.
Deutéronome 11.15 : Je donnerai de l’herbe dans ton champ pour ton bétail, tu mangeras et tu seras rassasié
Cette loi semble concerner seulement les animaux des champs, mais ce n'est pas le cas. La halakha est qu'il faut nourrir les animaux avant soi-même et cela est valable pour tous ceux qui ont des animaux domestiques à la maison. Cette loi force ainsi l'homme à ne pas affamer ses animaux ou à oublier de les nourrir. Ces interdictions ne sont pas à prendre à la légère. Le Pélé Yoets déconseille même de posséder des animaux de peur d'arriver à les maltraiter, ce qui occasionnerait un danger car les animaux sont protégés par Dieu et l'homme peut subir les conséquences de cette maltraitance.
A l'époque du Ari zal, une femme n'arrivait pas à avoir d'enfants. Le Rav lui a dévoilé que cela provenait du fait que ses oiseaux avait été privés d'eau, car l'échelle qui les conduisait à cet endroit avait été déplacée.
- L'animal crée au service de l'homme ?
La justification que beaucoup de personnes évoquent lorsqu'on parle de souffrance animale, est le fait que toute la création a pour but de servir l'homme. Pour beaucoup, l'anthropocentrisme est une notion fondamentale de la religion. Pourtant, ce n'est pas forcément le cas. Voici les paroles du Rambam à ce propos :
"Mais ce qui est la vraie manière de voir la chose, c'est que tous les individus de l'espèce humaine qui existent, sont une chose sans aucune valeur par rapport à l'ensemble immuable de l'univers [Psaume 144:4 : "l'homme est semblable au néant"].(...) Celui-ci ne doit point se tromper et croire que l'univers n'existe que pour sa personne (...) il s'ensuivrait cette absurdité que tous les êtres, excepté l'homme, existeraient sans aucun but, puisque la seule fin que l'on ait eu en vue, et qui est l'homme, pourrait exister sans tous ces êtres. C'est pourquoi la seule opinion vraie selon moi, celle qui est conforme aux croyances religieuses et d'accord avec les opinions spéculatives est celle-ci : il ne faut point croire que tous les êtres existent en faveur de l'homme, au contraire, tous les autres êtres ont été crée en vue d'eux-mêmes, et non pas en faveur d'autre chose. ["Proverbes 16:4 : Dieu a tout créé pour soi-même"]. (Guides des égarés, 3, 12-13)
De même, il explique que lors de la création, lorsque les luminaires sont créés "pour éclairer", il s'agit de leur nature, et non pas leur but. Affirmer que les animaux ont été crée pour servir l'homme et pour être consommé est donc largement contestable. A fortiori lorsqu'on parle de les faire souffrir pour servir l'homme.
De plus, la science n'a fait que prouver ce que disait le Rambam. En effet, nous pouvons constater aujourd'hui qu'il existe des millions d'espèces différentes et il serait difficile de faire le lien avec l'homme à chaque fois. De même, du point de vue de l'astronomie, nous avons pu découvrir à quel point nous sommes insignifiants face à l'immensité de l'univers qui est composé de milliards de milliards de planètes et d'étoiles dont certaines se sont éteintes bien avant l'arrivée de l'homme. Tel est l'immensité de l'univers créé par Dieu et notre place dans celui-ci.
Le Talmud dans Baba Metsia (85a) relate un incident qui s'est produit avec Rabbi Yehuda. Rabbi Yehuda était le compilateur de la Mishna et le dirigeant du Sanhédrine. Il est né le jour de la mort de Rabbi Akiva, prenant ainsi la relève du plus grand homme de l'époque. Un jour, un veau était conduit à l'abattoir et a fui pour se réfugier dans le vêtement de Rabbi Yehuda. Rabbi Yehuda a alors déclaré "Va, car c'est pour cela que tu as été crée". Il a souffert pour cela de très fortes douleurs aux dents pendant 13 ans. Le Talmud explique que c'est parce qu'il a manqué de compassion pour ce veau, et citant le roi David " L’Eternel est bon pour tous, sa pitié s’étend à toutes ses créatures."(Psaume 145.9), il fut guéri lorsqu'il a eu de la compassion pour des rats dans sa maison. On note ici que ce n'est ni Kippour, ni la prière qui l'a sauvé, mais bien la compassion qu'il a eut pour des rats. Cela vient d'ailleurs confirmer une parole de son fils Rabban Gamliel, qui a déclaré "Celui qui a pitié des créatures divines, Dieu aura pitié de lui" (Talmud, Chabbat 151b). Dans le même ordre d'idée, le rav Jonathan Sacks déclarait "La manière dont nous traite le monde est le miroir de comment nous traitons le monde".
La compassion pour les autres créatures n'est pas seulement un bon trait de caractère, c'est un des 613 commandements de la Torah qui entre dans le cadre d'imiter les voies de Dieu "tu marcheras dans ses voies" (Deutéronome 28,9), car il est écrit "sa pitié s’étend à toutes ses créatures" (Psaume 145.9).
- Comparaison avec l'industrie actuelle
Quiconque a étudié la Torah comprend que Dieu ne se trouve pas seulement dans les forces de la nature, mais aussi dans la morale de ses lois et de ses enseignements. Toutes ces lois révèlent un esprit de la loi qui entre en totale contradiction avec le traitement des animaux dans la société actuelle. Le fait est qu'un changement majeur a eu lui par rapport aux siècles passés et à l'époque où ces lois ont été données : la révolution industrielle en 1760. Qu'est-ce qui a changé ? En effet, lorsque la Torah a autorisé la consommation de produits provenant des animaux, les animaux avaient une vie paisible et naturelle et la seule question qui pouvait se poser était la légitimité de leur mise à mort à des fins nutritives, comme je l'ai exposé dans cet article.
Aujourd'hui cela n'est plus du tout le cas, et les animaux vivent un enfer de leur naissance à leur mort. En analysant les lois de la Torah énoncés ci-dessus, nous voyons clairement que la Torah interdit la cruauté envers les animaux. Le fait de ne pas les empêcher de se nourrir, de les aider lorsqu'ils sont en difficulté, de leur permettre de se reposer le chabbat, de laisser le veau avec sa mère à la naissance etc. Tout cela témoigne d'une sensibilité de la Torah envers les animaux. Et le créateur de ce monde connaît ses créatures et a devancé la science qui a établi bien plus tard que les animaux sont des êtres sensibles. Cette préoccupation de la Torah pour éviter la souffrance animale entre en opposition de manière frontale avec les pratiques de l'industrie actuelle.
La raison des pratiques qui vont suivre est simple : faire plus en dépensant moins. Si l'on prend par exemple la production de poulets, si une quantité de poulet est vendu 1000 euros au supermarché et que la production en coute 900, le gain est de 100 euros. Plus le cout de la production baisse, et plus l'industrie fait un grand bénéfice. Mais quels sont les moyens utilisés pour réduire ce cout de production ? La première étape est d'utiliser la sélection artificielle pour croiser les poulets les plus robustes entre eux tout en utilisant des hormones. La nature fait bien les choses, mais l'homme les fait mal. Cela permet certes d'avoir des poulets plus volumineux, mais qui sont à peine capables de tenir debout. Pour réduire ces couts, il n'est pas non plus possible de laisser les poulets vivre dans de grands espaces, alors on les confine dans des cages de la taille d'une feuille A4 où ils ne peuvent même plus étendre leurs ailes et où leurs pattes côtoient le métal à longueur de journée. Mais un problème se pose avec cette pratique, c'est que les poules vont commencer à se battre entre elles à cause de l'ennui, du stress et de la frustration. La solution la plus logique est de ne pas les faire vivre en cage. Mais la solution la plus économique est de leur couper le bec, pour qu'ils ne puissent pas s'entretuer dans les cages. C'est cruelle, mais économiquement rentable. Une autre économie peut être faite sur les produits d'entretien et le personnel chargé de rendre ces cages plus propres, ce qui conduit à ce qu'elles vivent dans des endroits horriblement insalubres. Des économies peuvent également être faite sur la quantité et la qualité de leur nourriture. La nourriture est également chargée d'antibiotiques. Ces conditions de vie épouvantables provoquent des maladies pulmonaires, hépatiques, digestives, rénales, virales, bactérienne ou parasitaire. Certes, cela permet de réduire les coûts, mais à quel prix moral ?
Ces conditions d'élevage sont aussi valables pour les poules pondeuses qui sont majoritairement élevées en cage avec un rythme de production intensif. Alors que Dieu a donné 10 ans de vie aux poules, elles vivent en moyenne un an et demi avant d'être abattu car elles ne sont plus opérationnelles.
Quant aux poussins mâles, qui ne pourront pas pondre, ils sont broyés à la naissance ou jeté dans des sacs-poubelles. Pourquoi ? Car ils ne sont économiquement pas rentables pour la consommation. En effet, la sélection artificielle des poulets est également utilisée pour les poules pondeuses. Ainsi, ces poules pondeuses ne sont pas aussi volumineuses que leurs collègues qui ont pour but d'être consommé.
En France, il y a un code sur les boites d'œufs pour indiquer s'il s'agit d'un élevage en cage ou non, cela peut servir pour ceux qui veulent faire attention à cela (code 3 pour les poules élevées en cage, code 2 pour les poules élevées au sol avec une densité de 9 poules par mètre carré, et le code 0 ou 1 pour les poules élevées en plein air).
- Le transport des animaux
Un autre problème majeur, qui ne fait qu'empirer ce cycle de violence envers les animaux, est leur transport bien trop long qui dure plusieurs jours à parfois plusieurs semaines. Après un transport en camion, les animaux sont chargés sur des bateaux. Enclos surchargés, taux d'ammoniac élevé, forte chaleur, maladies, les animaux ne peuvent pas garder la tête droite ou se coucher pour se reposer. Les plus affaiblit meurent pendant le trajet.
Un reportage australien avait choqué la population israélienne il y a plusieurs années. Ce reportage montrait les conditions d'importation de viande depuis l'Australie vers le Moyen Orient. Sur les images présentées par le lanceur d'alerte, on peut voir le surpeuplement à bord, les animaux ne pouvant même pas accéder à la nourriture et à l'eau. Incapable de s'assoir et de s'allonger, sous une grande chaleur, 2400 moutons ont péri et ont été jeté par-dessus bord.
Une pétition de 60 éminents rabbins a été signé. On trouvait également le Rav Shmuel Rabinowits, rabbin du mur des lamentations, Rav Abigdor Nebenzahl, ancien grand rabbin de Jérusalem, le rav Deri, le rabbin Ratzon Arusi etc. "Nous avons été choqués de découvrir les dures réalités et la grande souffrance des veaux et des moutons, créatures de Dieu envoyés par des navires australiens et européens pour être massacrés en Israel. Causer de telles souffrances aux animaux uniquement dans le but de satisfaire notre désir de viande fraîche n'est ni dans la voie de la Torah ni dans la moralité humaine." déclarait la pétition.
L'abatage rituel des animaux (shehita) a pour but justement de minimiser le plus possible la souffrance animale. Mais quel est l'intérêt si les animaux vivent un véritable enfer avant d'être abattu ? Un grand nombre de ces animaux importé en israel finiront avec un label de Cacherout réputé sans que soient prises en compte ces conditions d'importation.
- L'industrie laitière
Bien sur, il y a un grand effort fait par les producteurs pour que cette souffrance soit cachée du public, pour que l'on imagine que l'élevage est traditionnel, avec des animaux qui semblent joyeusement paitre dans la nature. Mais la réalité est tout autre.
- La production de foie gras
- L'industrie du cuir et de la fourrure
Aussi bien le cuir que la fourrure provient aussi d'animaux tués cruellement pour leur peau. Avant d'être transformé en manteaux ou en sacs, de nombreux animaux subissent toutes les horreurs possibles de l'élevage industriel, comme le confinement extrême dans des cages ou enclos, la castration sans traitement antidouleur, les infections chroniques et les maladies causées par un entassement extrême et un voyage terrifiant à l'abattoir.
Il ne s'agit pas d'une époque où s'habiller avec de la fourrure animale est une question de vie ou de mort. La question de la nécessité d'une telle pratique se pose alors qu'aujourd'hui nous avons toute sorte de matières synthétiques qui permettent de s'habiller. L'envie de s'habiller de manière luxueuse peut-elle justifier la souffrance prolongée de tous ces êtres vivants ? Le rav David Halevy, ancien rabbin de Tel Aviv, a interdit de se procurer des fourrures car l'être humain peut s'en passer et que de tels actes sont teintés de cruauté dans l'industrie actuelle.
Est-ce dans l'esprit de la Torah d'agir ainsi ? Doit-on ouvrir un livre de Halakha pour savoir si cela est juste ou non ? Pensons-nous vraiment qu'il y a une contradiction entre les lois de la Torah et le bon sens ? La Torah n'est pas qu'un ensemble de lois, c'est une idéologie qui a pour but le bien-être du monde.
Le Ibn Ezra écrit (Shemot 20,2), "Que Dieu préserve qu'il y ait une mitsva de la Torah qui contredise le bon sens"
Le Ramban écrit que l’on peut respecter à la lettre les lois de la Torah tout en enfreignant son esprit. C'est pourquoi la Torah a ajouté une mitsva d'être saint (Kedoshim tiyou (Lévitique 19,2)) et de bien se comporter même en ce qui concerne les autorisations.
- Vers le progrès
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